Lillian

Lillian

Chapitre I

Photo prise sur http://www.commentcamarche.net/news/5856909-nous-avons-joue-a-the-elder-scrolls-5-skyrim

Il court pour éviter les flammes lancées des mains de celui qui le pourchasse, un des gardes du grand sorcier, roi de ce royaume. ils ont la faculté de lancer des flammes avec leurs mains. Lillian les esquive, en sautant sur la droite, puis sur la gauche, essoufflé, il se cache derrière un gros rocher.

Il voulait juste montrer son amour à la princesse Éléonore en demandant sa main au roi. C'est après cela que le roi avait appelé les gardes pour l'arrêter. Il ne comprend pas pourquoi le roi avait pris cette décision, sans avoir le temps de revoir sa bien aimée, il réussit à s'échapper. Très doué à l'épée, il élimine quelques gardes, mais il se retrouve très vite entouré par d'autres le menaçant de leur flamme. Il se dit que c'est la fin pour lui. Il ferme alors les yeux pensant à la femme qu’il aime. Éléonore, cette belle princesse aux cheveux noirs et aux beaux yeux verts.  Lorsque soudain il entend un bruit sourd. Il ouvre les yeux et voit, tout comme le garde, le ciel se déformer accompagnés d’éclairs, laissant apparaitre un énorme trou noir. Une tornade en sortit pour avaler tout ce qui se trouve sur son passage. Lee gardes courent mais sont très vite rattrapé par ce tourbillon de vent. Lillian n’eut seulement que quelques secondes de plus avant de se faire également emporter violemment. Ses bras et ses jambes sont ballotés dans tous les sens. Il tente d’ouvrir les yeux malgré cette poussière. Il voit des personnes la bouche grande ouverte laissant échapper un son, très vite couvert par le bruit de la tornade, et ensuite démembré par la force du vent.  Il essaye de plier ses bras et ses jambes afin de ne pas finir comme les autres. Replié comme un fœtus, il regarde vers le haut et voit ce trou noir. Il ferme les yeux pour se les protéger, le cœur battant à toute allure, et se laisse guider par le vent. Quelques objets le heurtent et le blessent légèrement. Son corps se balance, dans ce mouvement chaotique. Quand, plus rien, dans un silence total, il ouvre les yeux. Il regarde, en bas il peut voir cette tornade détruire la terre qu’il connait si bien. Au-dessus c’est le vide noir. Lorsqu’une petite lumière au loin apparaît. Elle s’approche et grandit à vue d’œil. Une fois arrivée sa hauteur, il voit sa bien aimé, Éléonore à l'intérieur d'une bulle translucide. Il souhaite la prendre dans ses bras, mais il se rend compte qu’il est lui-même dans une bulle. Elle est là debout, les yeux en larme, prononçant des paroles qu’il n’entend pas. Elle le regarde, une larme coule sur sa joue, posant sa main sur cette paroi invisible. Le mouvement lent de ses lèvres permet à Lillian de comprendre les mot suivant, "Je t'aime». Elle fait quelques pas en arrière, ferme les yeux, murmure une phrase inaudible pour lui, et bouge ses mains. Il reconnaît la suite de ces mouvements. Elle formule une magie afin de se sacrifier pour lui sauver la vie. Lillian, ne veut pas. Paniqué, il essaye de sortir de cette bulle de toute ses forces, afin de l’en empêcher, en vain. 

De suite après la formule terminée, Éléonore disparaît en de milliers de poussières lumineuses. Ce n’est pas possible ! Cela ne peut être vrai ! Abattu par la perte de la personne qu’il aime ; il se recroqueville et pleure à chaudes larmes. Sans s'en rende compte, la bulle dans laquelle il est enfermé suit un chemin invisible à grande vitesse. Il s’endort d’épuisement.

Quelques heures plus tard, il se réveille dans un lieu totalement inconnu. Il a mal partout et se remémore les derniers instants de sa bien-aimée, Éléonore. Il regarde autour de lui. Il est dans une pièce dans laquelle se trouvent des tableaux entassés contre le mur au sol; une table avec des tubes peinture; un pot avec des pinceaux; un chevalet sur lequel une toile est entamée et un tablier blanc taché accroché.  Il appelle, pour voir s’il y a quelqu’un, mais personne ne répond. Il visite et entre dans la chambre, il se dirige ensuite vers la salle de bain dans laquelle des sous-vêtements sont étendus sur un étendoir à linge. Il reconnait de suite qu’il se trouve dans l’appartement d’une femme. Des objets plus ou moins étranges remplissent cet appartement. Comment a-t-il atterri ici ? Lorsqu’un cliquetis à la porte se fait entendre.

Chapitre II

Justine note consciencieusement le cours que donne son professeur d’histoire de l’art, sa matière préférée. La journée est presque terminée. Étant vendredi, Carine son amie, assise à côté d’elle, lui propose d’aller dans un pub pour passer une petite soirée entre amis. Mais Justine n’en a pas très envie. Elle est une jeune fille assez solitaire, ce n’est pas qu’elle n’a pas d’ami, elle en a, mais elle aime de temps en temps se retrouver seule chez elle, mettre sa musique préférée et peindre. Le cours et dernier de la journée se termine. Elle range ses affaires, dit au revoir à ses amis et part directement chez elle. Elle vit dans un petit appartement mansardé non loin de sa faculté, et rentre donc à pied.  Elle a fait un rêve il y a deux jours, et c’est ce qui lui a donné envie irrésistible de le peindre. De mettre en couleur celui qu’elle a vu très clairement dans son rêve. Elle est enfin arrivée, elle met la clé dans la serrure, ouvre la porte et allume la lumière. Elle verrouille ensuite les trois verrous installés sur la porte, car Justine vit seule. Elle pose ses affaires, se déshabille pour aller prendre une douche.

Lillian entend la porte s’ouvrir. Mais que faire ? Il est là dans l’appartement d’une inconnue. Il se cache dans la salle de bain. Quelle ne fut pas sa surprise de la voir rentrer, se déshabiller et se doucher. Elle ne l’a même pas vu. Il ne comprend pas, il mesure pourtant plus d’un mètre quatre-vingt, assez musclé, donc il a une certaine masse. Il ne comprend pas. Il n’ose pas bouger de peur de faire du bruit et de l’effrayer. La douche terminée, sans pudeur, elle sort nue pour aller chercher ses vêtements dans sa chambre. Lillian est un peu gêné, de la voir ainsi à son insu. Mais que peut-il y faire. Profitant du fait qu’elle est dans sa chambre à s’habiller il souhaite sortir de là et la laisser tranquille. Il se dirige vers la porte, et lentement sans un bruit. Sa main au moment d’attraper la poignée, passe à travers. Surpris, il retente, mais, en vain. Il veut ouvrir cette porte, mais n’y arrive pas. Il s’acharne sur cette poignée, mais rien n’y fait. Il tape à gros coup de poing sur la porte de toutes ses forces, mais aucune réaction, rien… Il essaye de passer par la fenêtre du toit de l’appartement, il ne peut également la toucher. Mais que lui arrive-t-il ? Il ne comprend pas.

—    Suis-je mort ? Suis-je devenu un fantôme bloqué dans cet endroit ? Serait-ce pour cela que cette jeune fille ne m’a pas vue ?

Justine sort de sa chambre en tenue décontractée, prépare une tasse de thé, met son tablier et s’apprête à peindre.

—    Quelle sensation j’ai eue tout de même en faisant ce rêve. Se dit-elle tout haut.

Elle ferme les yeux et se le remémore. Elle voit cet homme lui tenir avec douceur son visage et s’approcher pour l’embrasser pour se réveiller au contact de ses lèvres sur les siennes.  Quel dommage, elle aurait bien aimé de ne pas se réveiller à ce moment-là.

Elle a chaud tout d’un coup, elle sourit, cela l'amuse. Lillian ne lui prête aucune attention, ses pensées sont centrées sur sa propre situation. Du pourquoi et du comment il en est arrivé là. Il s’assoit, pas très loin d’elle et reste pensif. Justine s’active sur sa peinture. Elle commence tout d’abord à mettre quelques coups de crayon pour préparer la base du portrait.

Les jours passent, Justine s’active dans sa petite vie quotidienne, aller à l’université, téléphoner à ses parents, ses amis, peindre. Cela fait déjà presque une semaine que Lillian est là rageant sur son triste sort. Il a beau réfléchir dans tous le sens, il n’a jamais entendu parler du fait de devenir un esprit et errer coincer dans un appartement de quelqu’un. Il ne ressent ni la faim, ni la soif. Dans son monde, seulement quelques élus ont la faculté d’utiliser la magie. Des élus considérés comme des nobles de la haute société ont le droit de l’utiliser et il en fait partie. Il avait rencontré la princesse lors d’une sortie de chasse que le grand roi Mage avait organisée en l’honneur de la majorité de la princesse. Un moment où la princesse se présente pour la première fois au peuple et il en était tombé fou amoureux au premier regard. Assise en cavalière, elle chassait avec une dextérité digne d’un homme, avec son arc et ses flèches. Ils ont commencé à faire connaissance lorsqu’un moment donné ils visaient tous les deux la même cible. À partir de ce moment-là, ils se sont vus en secret pour partager leur amour, sans s’imaginer une seconde que tout pourrait disparaître du jour au lendemain. Aujourd’hui il est là, chez Justine. Il a découvert son prénom, inscrit sur un carnet de couverture en cuir suivi de « journal intime ». Ne pouvant rien faire d’autre il commence à s’intéresser à cette jeune fille, la seule personne qu’il voit évoluer tous les jours. Il remarque qu’elle est assez jolie. Un visage fin avec un petit nez retroussé, de grands yeux bleus et une bouche rose joliment dessinée. Il a pu également apercevoir son corps presque parfait le premier jour qu’il l’a vu pour la première fois.

Depuis il fait attention à ne pas la regarder pendant ces moments. Ce qui est parfois difficile, car elle, ignorant sa présence, évolue à son aise dans son appartement. Il remarque aussi qu’elle n’est pas forcément méticuleuse dans son rangement. Elle semble douce et gentille. Il l’a surprise à réconforter une amie pendant presque une heure à un appel téléphonique. Le petit ami de celle-ci venait de la quitter.  Par moment elle semble triste, et rêvasse. Elle parle de temps en temps seule ce qui le fait rire. Surtout quand elle boit son thé trop chaud, quand elle marche sur un pinceau qu’elle n’a pas ramassé et se fait mal au pied…

Chapitre III

Étant magicien dans son monde, Lillian essaye d’utiliser sa magie ici et espère que cela marchera. Peut-être pourra-t-il prendre contact avec Justine… en temps normal il peut bouger les objets à distance. Est-ce qu’il pourra y arriver ici, sous cette forme ?

Il se concentre sur un pinceau, et tente de le glisser le long de la table. Le premier est un échec. Mais il ne se laisse pas abattre surtout quant à la nouvelle tentative, il arrive à les faire avancer de quelques centimètres. Il continue, il tente par la suite de bouger toutes formes d’objets, et s’améliore à chaque essai. Ce soir-là il est prêt, il va commencer à faire sa première tentative de contact avec Justine et l’attend avec impatience. Comme tous les soirs, Justine rentre à la même heure, 18h15. Cette fois-ci Justine n’est pas comme d’habitude. Elle s’active, range tout son appartement et le nettoie. Prend une douche, et passe beaucoup plus de temps que d’habitude. Elle se dirige ensuite dans sa chambre, elle en ressort une demi-heure plus tard. Elle est habillée d’un joli chemisier blanc cintré, le col légèrement ouvert laissant entrevoir la naissance de sa poitrine, puis d’une jolie jupe rouge arrivant au-dessus des genoux. Lillian est surpris, c’est la première fois en deux semaines qu’il la voit ainsi. Maquillé d’un joli trait de crayon noir et d’un mascara mettant en avant ces beaux yeux bleus accompagnés d’un rouge discret sur ces lèvres. Lillian est presque sous le charme. À force de vivre avec, il s’est un peu attaché à elle, mais il n’oublie pas son amour pour Éléonore, qui est d’une plus grande beauté. Justine s’attèle dans sa petite cuisine préparant le repas. En temps normal elle ne mange que des repas tout préparés, mais là il se passe quelque chose. Elle dresse sur sa petite table deux couverts. Eu milieu elle pose sa petite plante en fleurs et ouvre une bouteille de vin. À peine avoir posé le tire-bouchon sur la table, la sonnette retentit. Lillian peut sentir le stress monté de Justine. Curieux il ne dit mot et observe.

Un jeune homme du même âge de Justine entre dans l’appartement. Il est plus grand qu’elle d’à-peu-près de deux têtes, les cheveux très courts laissant apercevoir la forme de son crâne. Il a de grands yeux noisette et une fine bouche. Il ne semble pas très sportif, mais tout même assez solide. Justine à l’air de vraiment s’intéresser à ce jeune homme. Ils s’embrassent sur les joues pour se dire bonjour. Elle l’invite à entrer et à s’installer à table. Ils prennent un petit apéritif, elle est toujours très raisonnable, n’abuse jamais de l’alcool. Ils discutent de tout et de rien. Ils rigolent. Lui boit un peu plus. Lillian, invisible pour eux dans son coin, remarque un léger changement de comportement dans celui-ci. Cet homme qui apparemment se nomme Julien, lance des regards qui s’attardent un peu trop sur le déhanché de Justine et sur sa poitrine, ce qui ne lui plaît pas trop. Il se fait peut-être des idées, il continue d’observer.

Après avoir bien mangé, ils terminent leur verre de vin sur le petit canapé deux places. Justine est contente que tout se soit bien passé. Julien pose le verre sur la table et utilise un vieux cliché. Il fait signe de bâiller en s’étirant et pose son bras droit sur les épaules de Justine. Sa main pend un peu trop au gout de Lillian vers la poitrine de Justine. Il se rapproche tout doucement d’elle, il commence à lui chuchoter des mots doux à l’oreille. Elle sourit. Lillian n’entend pas, mais devine les intentions de ce jeune homme. Ils commencent à s’embrasser. Par respect pour le couple il se réfugie dans l’atelier de peinture.

Justine se laisse faire, mais sent au fond d’elle qu’elle n’est pas prête. Elle considère que pour le premier rendez-vous, passer à l’acte est beaucoup trop tôt. Elle se dit qu’elle aurait dû ne pas accepter de faire ce repas chez elle, mais au restaurant comme elle l’avait suggéré.

Il l’embrasse avec de plus en plus de passion.

—    Attends s’il te plaît… Attends quelques secondes…

—    Oui bien sûr qu’y a-t-il ? Tout va bien n’est-ce pas ?

—    Heu oui ça va, c’est juste que…

—    Tu n’aimes pas ça, ça ne te va pas ?

—    Ho si, j’aime bien, mais…

—    Alors, si tu aimes laisse-moi faire, lui susurre-t-il dans le creux de l’oreille.

Il embrasse son cou, déboutonne les premiers boutons de sa chemise, Justine se sent de moins en moins à l’aise. Elle tente d’empêcher sa main toucher sa poitrine, mais il insiste. Ces gestes sont de plus en plus persistants. Sa main descend jusqu’à la cuisse, soulève la jupe. Là pour Justine s’en ai trop.

—    Non là franchement, je ne peux pas, arrête. Dit-elle d’un ton ferme.                   

—    Quoi ? Mais non, viens, tu vas aimer ça.

—    Non ! Je te dis arrête, pousse-toi !

Il bloque les bras de Justine, et continue à l’embrasser. Elle se débat autant qu’elle peut et se met à crier.

—    Non !

Lillian est en train de lire un livre qu’il a trouvé sur l’étagère. Grâce, à ses pouvoirs, il peut tourner les pages, sans même, les touchers. Lorsqu’il fut interrompu par le cri de Justine. De suite, il se précipite pour aller voir ce qu’il se passe. Il voit Justine se débattre et cet homme la maintenir fermement afin de répondre à ses pulsions. Lillian sans attendre une seconde de plus se précipite sur lui et par la pensée le soulève et le jette contre le mur. Un peu sonné, Julien surpris ne comprend pas ce qu’il se passe.

—    Mais qu’est-ce que tu m’as fait ? Tu… Tu m’as aguichée avec ta petite jupe rouge et ce chemisier et tu crois que je vais en rester là !  Rugit-il.    

Il se relève et se précipite sur elle. De nouveau, il se retrouve soulevé dans les airs, puis collé à plus d’un mètre du sol au mur. Justine n’en croit pas ses yeux.

 

Photo prise sur le site http://www.linternaute.com/cinema/film/telekinesie-le-buzz-de-carrie-le-film.shtml  extrait d’une pub du film « Carie »

—    Je … Je t’avais dit que je ne voulais pas... Bégaye-t-elle, non rassurée de la situation.

—    Ok, ok j’ai compris, laisse-moi partir maintenant ! Je... Je ne te toucherai plus !

Lillian le lâche et Julien tombe lourdement sur le sol. Il se relève précipitamment pour s’enfuir. Laissant la porte ouverte. Lillian la ferme par la pensée.

Justine est pétrifiée. Julien lui a fait une telle peur. Mais comment a-t-il pu se retrouver coller au mur de cette façon ? Ce n’est pas possible ! Elle s’enfonce dans le canapé, elle est paniquée… Lillian redresse la table qui a été renversée, remet en place les différents éléments qui sont tombés lors de l’altercation. Justine voit tous ces objets bouger dans les airs, elle n’en revient pas… Elle n’est pas le genre de fille à s’évanouir. Elle avait déjà vu dans les films des personnes avec le pouvoir de télékinésie, mais n’y a jamais cru que cela pourrait exister dans la réalité, ainsi que les fantômes. Curieuse tout de même de la situation.

—    Qui êtes-vous ? Demande-t-elle d’une voix tremblante.

En guise de réponse, une couverture se pose délicatement sur ses épaules pour cacher son chemisier déchiré, montrant une partie de son soutien-gorge. Lillian se sent épuisé. Il ne pensait pas qu’utiliser sa magie ainsi lui prendrait autant d’énergie. Il s’assoit à côté d’elle et s’écroule sur le canapé, évanoui. Justine n’a pas eu de réponse. Ne comprenant pas trop la situation, elle va prendre une douche se sentant souillé par Julien et ensuite, exténuée, elle se couche pour s’endormir aussitôt.

Chapitre IV

Justine refait le même rêve. Elle se voit dans un magnifique paysage, allongée dans l’herbe prêt d’un ruisseau. Au-dessus d’elle cet homme au regard limpide, prenant son visage entre ses deux mains douces et chaudes. Il s'approche doucement pour l'embrasser, mais au moment du contact des lèvres sur les siennes, elle se réveille.

Elle s’assoit dans son lit et est troublée par ce rêve. Elle se remémore ce qu’il s’est passé la veille. Le comportement de Julien et de celui-ci collé au mur à plus d’un mètre sur le sol et de ses objets se remettant seul en place.

—    Était-ce un rêve tout ça ? Oui surement j’ai dû rêver, ce n’est pas possible de voir toutes ces choses voler. Se dit-elle tout haut.

Lillian est là, cela fait à près d’une heure qu’il la regarde dormir. Il sourit.

Justine se lève et, voyant les restes d’hier sur la table, elle se dit finalement que cela s’est peut-être réellement passé.

C’est le weekend, le matin est tranquille, pas de réveil pour se réveiller de bonnes heures. Elle aime, après avoir pris un bon petit déjeuner, aller peindre. Elle peut peindre toute une journée sans manger tant elle est concentrée sur sa toile. Parfois même sans s’en rendre compte. Elle a hâte de la terminer afin de rendre son rêve un peu plus réel. D’après son souvenir il a de grands yeux bleus très lumineux, un long visage au menton anguleux. Elle prépare donc sa peinture et au moment de prendre son pinceau, celui-ci glisse de ses doigts. Elle s’attend à ce qu’il tombe au sol, lorsqu’à la place d’atterrir, il s’immobilise dans les airs et se dirige lentement vers la table pour s’y poser. Justine n’en croit pas ses yeux ; de revoir ce genre de situation, voir des objets léviter.

—    I.. Il y a quelqu’un ? Demande-t-elle avec hésitation. Se demandant si elle n’est pas folle.

Le pinceau se remet à se mouvoir dans les airs pour atterrir délicatement dans ses mains. Justine reste calme.

—    Pouvez me dire qui vous êtes ou ce que vous êtes ? Regardant autour d’elle cherchant peut être une quelconque présence.

Lillian aimerait lui parler, lui expliquer sa situation, mais il n’a pas encore trouvé une façon de communiquer autre que de bouger les objets pas la pensée. Sans réponse Justine commence sa peinture, et essaye de faire abstraction de ce qu’il s’est passé ces dernières heures. Elle s’attèle avec minutie essayant à ce que chaque détail soit identique au rêve. Elle se rappelle de ce regard bleu et intense qui l’a regardait. De ses lèvres roses et pulpeuses s’approcher de sa bouche. Elle les reproduit à l’identique. Lillian pendant ce temps-là, sans que Justine ne s’en rendre compte, lit un livre. Celui qu’il avait commencé la veille et ne fait pas attention à l’évolution du portrait. Le temps passe, midi sonne et Justine ne bouge pas, concentrée sur sa peinture. Il est dix-sept heures, Justine arrête de peindre pour répondre aux besoins naturels de tout humain. Lillian étant assis se lève pour se dégourdir les jambes. Il fait l’allé retour, entre le salon et l’atelier de Justine. Lorsqu’il revient dans l’atelier, il ne croit pas ce qu’il voit. Il se rapproche du portrait, regarde bien les yeux, les cheveux, les couleurs des vêtements, la bouche ; tout est à l’identique. Il se voit comme dans un miroir.

—    Mais comment est-ce possible ? Comment a-t-elle pu me peindre sans m’avoir vue ?

Sa main voudrait toucher ce visage qui est le sien, mais n’ose pas de peur d’abimer la peinture qui n’est pas encore sèche. Il est tellement absorbé par cette peinture qu’il n’a pas entendu Justine arriver derrière lui. Surpris il trébuche et bouscule de tableau.

Justine rattrape le tableau avant que celui-ci ne tombe. Elle ne comprend pas comment il a pu bouger ainsi. Est-ce encore l’œuvre de ce mystère qui bouge les objets ? Elle n’a qu’une seule chose en tête, terminer ce tableau ce weekend. Elle se préoccupera un peu plus tard sur ces évènements étranges.

En trébuchant Lillian s’est senti soudain aspirer vers la toile, et se retrouve ensuite enfermé à l’intérieur.

—    Mais que ce passe-t-il ? Se demande-t-il.

Justine reprend son pinceau pour terminer les derniers détails du tableau. Elle est assez satisfaite. Il ressemble comme deux gouttes d’eau à l’homme rencontré dans son rêve…

Lillian voit Justine s’approcher de lui, elle rajoute un peu d’ombre sur les cheveux, le nez…

Il sent les coups de pinceau toucher délicatement son visage. Il ne comprend pas. Serait-il vraiment rentré dans le tableau pour devenir la peinture en elle-même ? Il observe le visage de Justine, il peut sentir son souffle sur le sien. Il ressent quelque chose au niveau de sa poitrine, son cœur bat et plus en plus vite dès l’approche du visage de Justine.

Justine concentrée sur les yeux du portrait a eu pendant un bref instant, l’impression que ces yeux la regardaient, elle continue à peindre.

Lillian, du fait d’entendre son propre cœur réagir, a l’impression de reprendre vie. Mais sous quelle forme ? Quelle étrange sensation...

La nuit est tombée, Justine se couche, fatiguée, elle a peint plus de douze heures d’affilée.

Lillian coincé dans le tableau essaye de bouger de toutes ses forces. Sur le tableau, Justine a peint le visage et une partie du buste avec une main. Après plusieurs tentatives, il réussit à sentir ses doigts bouger. Comme par magie, il réussit à les faire sortir du tableau se transformant aussitôt en une main réelle.

Le lendemain matin, Justine, dans son grand teeshirt vert et son tablier blanc, reprend la peinture sans même avoir pris le temps de déjeuner. Elle a hâte de le terminer. Elle a toujours eu différentes sensations quand elle peignait ses tableaux, mais cette fois-ci, elle est plus forte, comme une envie irrésistible à peindre jusqu’à l’accomplissement total.

Elle termine quelques éléments du tableau avec ses pinceaux, lorsqu’au moment où elle fait une dernière retouche à la hauteur du visage, une main saisit la sienne.

Lillian y met toute son énergie. Toute la nuit il s’est entrainé afin que sa main puisse sortir. Maintenant il peut contrôler tout son avant-bras.

Justine, ne bouge plus, son cœur s’accélère, elle ne comprend pas. Elle lève les yeux, cet homme peint la regarde intensément avec beaucoup de douceur.

Justine est troublée. Comment se fait-il que cet homme, celui dont elle a rêvé, soit là à lui tenir la main et à la regarder ? D’autant encore plus étrange qu’il est dans le tableau qu’elle vient de terminer de peindre. Son cœur bat à la chamade.

Comment va Justine réagir face peinture vivante ? Que va devenir Lillian ? Va-t-il réussir à sortir de ce tableau ?